Je navigue au gré des nuages…
Au domaine de Pradines, le camping où ont lieu chaque année des rencontres d’astronomes amateurs. Ce lieu est réputé pour son ciel noir, sur la commune de Lanuéjols dans le Gard. C’est un immense plateau, et rien ne bloque la vision aux 4 points cardinaux.
Nous avons réservé un petit chalet : le mieux placé pour faire de l’observation d’astronomie. De plus, il n’y avait personne.
C’est un grand camping, en pleine nature, avec des places pour les tentes, camping-cars, des hébergements insolites et des petits chalets, ainsi qu’un gite qui peut aller jusqu’à 20 personnes voire plus.
En été, dépôt de pain et un snack. Sinon une épicerie – boulangerie à Lanuéjols.
Les routes sont plutôt tortueuses et c’est l’endroit où les Dacia Duster sont rois. C’est à la limite de la Lozère et de l’Aveyron.
Arrivée dimanche 14 mai vers 17h00 sous les nuages.
Ils sont prévus pour toute la durée de notre séjour, en tout cas le soir et la nuit.
Installation dans le chalet : 4 marches à monter pour l’accès à une terrasse plein sud et ouverte côté ouest et est. Le sol du chalet craque à chaque pas, ce qui réveille les dormeurs.
Il y a du vent et des trouées de plus en plus grandes.
J’ai bon espoir et j’installe mon Dobson 8’, prénommé Kirikou, dans le pré juste devant.
Mais quand la nuit est tombée, tout est couvert ; je crains même une averse. Alors je remonte Kirikou sur la terrasse d’où je pourrai voir plein sud. Deux rossignols chantent et m’enchantent.
Au lit. A 1h00 du matin, je me réveille et je vois des étoiles. Je m’emmitoufle et je sors.
Toujours le vent du Nord, froid, je suis bien contente d’être à l’abri.
Les 2 rossignols rivalisent de trilles. Je les soupçonne de chercher une copine. Ils y ont passé la nuit.
Devant moi le Scorpion est levé et dégagé des nuages. Il est bien lumineux. Je vais dans le pré et regarde la Petite Ourse, avec ses étoiles jusqu’à 6,50 de magnitude, voire un peu plus.
Mon ciel est beau et noir, hormis les nuages. J’ai eu une pensée pour vous. Vénus est couchée.
D’abord le Scorpion.
M4 : quelle précision du piqué des étoiles ! Je suis émerveillée : c’est la première fois que je le vois si fin, si précis et rempli d’étoiles.
Au-dessus M80 vu avec des étoiles bien résolues.
Un peu plus haut, dans le Serpentaire :
M10 : son cœur est très dense ; et M12 dans le serpentaire.
Un petit tour au bord de l’Ecu de Sobiewski avec l’amas du canard sauvage, M11.
Nuages, je redescends dans le Scorpion : M7, avec des étoiles brillantes, et une myriade d’étoiles plus faibles. Il est très étendu.
Puis M6, l’amas du papillon : je vois nettement l’agencement des étoiles en forme d’ailes déployées. M6 et M7 sont splendides.
Nuages, je retourne dans le Sagittaire.
M22 : par sa magnitude, il est plus lumineux que M13. Pourtant, nous le voyons moins clairement à cause de sa position plus basse sur l’horizon. Pour moi, il était bien piqué aussi.
M28 : oh, ce petit reste bien pâlichon.
Je navigue au gré des nuages. Tout est bien plus détaillé, plus net, plus précis, plus lumineux, … que les ciels que je connais et donc je suis plus émerveillée.
Je m’attarde longuement sur chaque objet, vraiment longuement, je m’en imprègne.
Je pioche dans le Sagittaire, le Scorpion, le Serpentaire, le Serpent aussi, l’Ecu avec M 11, le Cygne, le Lion et enfin la Lyre.
Mon but était d’observer les galaxies. La Vierge, le Corbeau, le Lion, l’Ecu de Sobiewski … Mais, les nuages s’étant invités, j’ai observé les nébuleuses.
Je commence avec mon filtre UHC.
Dans la queue du Serpent : je vois M 16, une nébuleuse diffuse. C’est la nébuleuse de l’aigle et je l’ai carrément découverte. Pour moi, M16 était un amas d’étoiles sans grand intérêt, car je voyais seulement les étoiles et très peu de nébulosité. Mais là, j’ai vu nettement l’amas en son centre et toute la nébulosité bien dessinée, magnifique et étalée. J’y suis revenue trois fois tellement c’était une belle découverte.
M 17 dans le Sagittaire, la nébuleuse Omega, ma nébuleuse préférée. C’est une pouponnière d’étoiles, plus importante que M42, la nébuleuse d’Orion. Ces jeunes étoiles massives dégagent beaucoup de chaleur et rendent M17 luminescente. Elles restent masquées par des condensations de gaz et de poussières. J’ai vu l’épaisseur de cette nébuleuse. Trop, trop belle.
M8, la lagune : je n’ai presque pas reconnu la lagune tellement les détails étaient présents et changent la perception.
Entre M8 et M17, il y a toute une région de nébuleuses : NGC 6559 puis 6589 et 6595 ; IC1283-4 ; SH2-35.
Toute cette partie je m’y suis attardée et promenée en long en large et en travers.
C’étaient des arabesques en tous sens et ces nébulosités toutes enchevêtrées m’ont fait penser à de l’humidité. Mais non, car plus loin, rien du tout. Et tout était très sec, avec du vent, et en plus j’étais à l’abri. J’en ai bien profité.
Dans le Cygne j’essaye la nébuleuse North America, mais elle était trop basse dans le ciel et il y avait un léger voile à cet endroit-là.
Le lion se dévoile un court moment : le temps d’enlever mon filtre et de pointer M65 et M66. Je n’ai pas vu NGC3628 qui les accompagne toujours, à cause du ciel légèrement voilé.
Je ne peux pas ignorer M57, la nébuleuse de l’anneau, dont le centre sombre est bien marqué. Ce n’est pas la peine de pratiquer la vision décalée, l’anneau est très net et bien bleu.
Je retourne dans le Cygne pour voir Albireo, l’étoile double et ses belles couleurs.
J’ai vraiment froid, je regarde l’heure : 4h30.
Je range et au lit car tout à l’heure, des visites et balades sont prévues pour découvrir la région.
Chantal